Rappel : Pour toute les personnes qui s'intéressent un peu (ou beaucoup) à l'Histoire, il est souvent tentant de se dire "si je pouvais faire un petit saut à cette époque pour voir ce qui s'est passé". L'écriture nous laisse la possibilité de laisser vagabonder notre imagination.
Partons donc à la rencontre de personnages historiques. Attention, il ne s'agit pas de réinventer l'Histoire, mais juste en se basant sur des faits connus, de pouvoir imaginer l'interview de ces personnages.
Cette semaine, je vous propose la suite et la fin de l'interview imaginaire d'Attila entamé la semaine précédente.
Attila
Nami : Nous vous avons laissé la semaine dernière dans une position inconfortable suite à la mort de Honoria et la fin du versement des différents tribus que vous receviez jusqu'alors. Que décidez vous alors ?
Attila : Je me suis lancé au printemps 451 dans une campagne contre la Gaule. Mon armée réunissait les peuples Gépides, Ostrogoths, Skires, Suèves, Alamans, Hérules, Thuringes, Francs, Burgondes, Alains, Sarmates.
N : C'est donc une armée qui est plutôt germanique que hunnique ?
A : (NDLR : Éclat de rire)Vous pourriez même dire qu'elle est unique mais pas hunnique. Plus sérieusement, oui elle est majoritairement germanique et les Huns n'en composent qu'une infime partie. Il s'agit d'employer la méthode forte. Plus question de rançonner, maintenant on pille, on viole on brûle, comme nous l'ont conseillé nos différents alliés. Le 7 avril, nous brûlons Metz.
N : Et pourtant, La Gaule vous résiste malgré cet incendie
A: Oui j'ai eu quelques soucis d'abord à Paris à cause d'une certaine sainte Geneviève, mais aussi à Orléans, à cause de saint Aignan d'Orléans. Mais il faut dire que plus que Dieu, c'est surtout l'appui des légions romaines et des Wisigoths qui sont déterminants. En réalité, la quasi-totalité des peuples établis en Gaule à cette époque : Alains, Francs, Burgondes, Sarmates, Saxons, Lètes (colons barbares), Armoricains et même des Bretons venus d'outre-Manche… s'allient pour nous faire barrage.
N : La bataille des champs catalauniques sonne le glas de vos ambitions gauloises
A: Ne m'en parle pas ! Moins d'une quinzaine de jours après Orléans, je suis tenu en échec lors de cette fichue bataille. (NDLR : On peut localiser cette bataille à environ 7.5 km de l'actuelle ville de Troyes) Cela marque alors la fin de mon incursion en Gaule romaine.
Les Huns en Gaule
N : C'est donc un échec sur toute la ligne pour vous…
A: Pas du tout ! Même si cette défaite interdit aux Huns une implantation sur ces terres et nous contraint à nous replier au-delà du Rhin, cette défaite ne représente qu'un échec stratégique mineur face à l'Empire Romain. Mon armée n'est pas sérieusement entamée alors que mon principal adversaire doit se disperser aussitôt l'affrontement terminé.
N : On vous retrouve donc quelques mois plus tard aux portes de Rome
A: Au printemps 452, nous reprenons en effet l'offensive, mais cette fois-ci en Italie. Mon armée prend Aquilée, Padoue, Vérone, Milan, Pavie et se dirige vers Rome. Aetius ne parvient qu'avec peine à me maintenir au nord du Pô. L'empereur Valentinien III décide de négocier avec moi.
N : Pourquoi accepter de négocier plutôt que continuer votre avancée qui semble d'après vos dires, si bien engagée
A : Une délégation conduite par le pape Léon Ier, par le préfet Trigetius qui a déjà traité avec les Vandales de Genséric, et par le consul Aviennus, viens me rencontrer et obtient une trêve. Je ne veux pas en dire plus, ni pourquoi j'ai pris cette décision.
N : Pourtant on dit que vous avez parlementé toute la nuit avec le pape sans que personne ne puisse entrer dans votre tente, et que le lendemain matin vous êtes reparti sans dire un mot.
A : Personne ne sait, et ne saura ce qui s'est dit cette nuit entre nous. Le pape et moi gardons nos discussions secrètes privées. Tout ce que je peux vous révéler aujourd'hui c'est que mon armée était décimée par les maladies et n'était peut être plus en mesure d'écraser définitivement les romains. De plus, je ne pouvais escompter mettre main basse sur l'Italie seulement qu'après avoir écrasé l'empire d'Orient, hors cela était clairement impossible. Finalement j'ai eu ce que je voulais : un bon butin et le maintien de la coalition barbare.
N : Pouvez vous nous parler de vos projets à venir ?
A: Là je me suis de nouveau installé prêt du Danube, et je suis en train de préparer des attaques contres mes voisins, mais je ne vais pas vous dire lesquels.
N : Il me reste donc à vous remercier pour cette entretien et votre accueil
A: Dommage que tu partes j'organise dans 3 jours un banquet pour célébrer mes nouvelles noces avec Ildico...
La fête des noces d'Attila imaginée par un peintre Hongrois
Pressé de partir car connaissant le dénouement de cette histoire, j'ai remis le cap très vite vers l'an 2010 prenant congé de mon hôte. Ce dernier mourut quelques jours plus tard, lors du fameux festin des noces. Ayant beaucoup bu, Attila fut sans doute victime d'une cyrose du fois, et d'une hémorragie généralisée. Il fut honoré de funérailles royales et fut inhumé dans un triple cercueil d'or, d'argent et de fer, en un lieu tenu secret (les esclaves participant aux travaux de sépulture furent tués). La légende d'Attila "le fléau de Dieu" pouvait donc se construire au grès des siècles.
Dernière édition par Nami le Sam 20 Mar - 15:32, édité 2 fois